Contrairement aux règles des convenances, madame de Kronstein quitta le sopha sur lequel elle recevait ses invités et s’élança vers l’antichambre où le général Mardefeld ôtait à sa femme le manteau de reine cachant ses épaules. Mue par une idée subite, elle s’élança à travers l’enfilade de ses beaux appartements vers la petite chambre où son enfant dormait dans son berceau richement paré, s’agenouilla, baisa la petite main aux doigts potelés, aux ongles roses, qui s’allongeait sur le duvet en soie, la replaça doucement et se sentit soulagée, lorsque ses larmes tombèrent brûlantes sur son bras. D’heure en heure la fillette était plus tranquille et, vers le soir, elle s’était endormie du paisible sommeil d’un ange. Elle qui jusqu’ici avait confié sa fillette à des mains étrangères se contentant de venir jouer un quart d’heure avec elle comme une poupée, ne permettait plus à personne de la toucher. Madame de Kronstein saisit les deux mains de la nouvelle arrivée et l’embrassa deux fois sur la bouche. La conversation des deux jolies femmes fut courte, mais assez significative.
Son frère, Vital Candiano, fut élu en 978. Après 14 mois de règne. Elle se vit tout à coup dans un abîme : elle eut honte du luxe autour d’elle, de l’équipage dans lequel elle roulait, tandis que d’autres foulaient la pierre froide avec des semelles lacérées, du tapis moelleux semblant caresser son pied, des diamants reflétant leurs feux sur sa gorge. Tout à coup dans l’illustre société encombrant les salons du ministre, il se fit un mouvement annonçant un événement. « Pour la mycorhization dans des conditions in vitro, nous avons déjà fait cela avec Gérard Chevalier il y a une quinzaine d'années. Nous vous relisons tous les jours avec plus d’admiration… Sur cette pente sa pensée s’égarait de plus en plus et, quand le général revint du club, il la retrouva tranquille et gaie. Son cœur restait toujours froid, vide ; mais son orgueil, ses sentiments d’honneur étaient piqués, se révoltaient à la pensée qu’elle était méprisée, elle qui ne se croyait qu’adorée, enviée. Mais elle était femme et elle s’arrêta à un autre projet qu’elle envisagea finalement avec satisfaction et qui lui rendit son calme. La fillette étant en effet plus calme et paraissant mieux, elle résolut d’aller à la soirée.
Cette tête n’eut donc plus le temps de penser à l’enfant malade. Elle ne soupçonnait pas qu’elle se mentait à elle-même et que c’étaient seulement la vanité, l’adoration de sa personne qui l’entraînaient loin de son enfant malade dans la brillante salle de bal. Sans qu’elle les eût évoqués, elle voyait se dérouler devant ses yeux les souvenirs de sa première jeunesse, de son amour pour Andor, de sa soif de luxe, de jouissance et de son triste mariage. En effet, répliqua méchamment Micheline faisant allusion à la nudité du buste de son amie, et le plus étrange est qu’on s’attend à tout moment à la voir sortir complétement de la verdure de sa toilette et se dresser devant nous en toilette… Elle eut de la peine à se lever, à marcher dans le salon et en arrivant devant la glace, plutôt par habitude qu’avec intention, elle fut stupéfaite de voir les ravages survenus en une heure dans sa belle figure. Tous les jours, Regimbart s’asseyait au coin du feu, dans son fauteuil, s’emparait du National16, ne le quittait plus, et exprimait sa pensée par des exclamations ou de simples haussements d’épaules. Elle voulait faire le sacrifice de son honneur, de son bonheur, pour mettre fin à la misère d’une foule de gens.
Puis, un matin, la nourrice entra dans le cabinet de toilette de la générale avec une figure sérieuse et la désagréable nouvelle que des symptômes d’une maladie grave se montraient chez l’enfant confiée à sa garde et souffrante depuis quelques jours. Dans cette brillante réunion, parmi les autres dames richement parées, gentilles, gracieuses, Hanna faisait l’effet d’une naïade, d’une sirène fraîchement sortie de l’Océan. Thuringe, auj. dans les duchés de Saxe, de Hesse-Cassel et la principauté de Schwartzbourg-Rudolstadt, commence à la source de la Werra et se termine près d'Eisenach; elle a 80 k. La reine fut droit à Hanna, lui tendit la main et se retira avec elle dans un coin, après avoir adressé quelques paroles aux vieilles dames. Après cette visite, le grand souci d’Hanna fut une toilette qui devait faire valoir ses charmes dans tout leur éclat truffes et nos champignons séchés même éclipser toutes les autres dames. Tout cela fut dit le mieux du monde, sans être dit cependant, et les deux dames se serrèrent les mains avec chaleur, se sourirent, s’accablèrent de gentillesses. La valse finissait ; les couples se tenaient immobiles et tous les regards se fixaient sur les deux amies.